Le dernier éditorial du dernier numéro et le texte sur la contre-révolution préventive

Article paru dans Front Social n°20

EDITORIAL

" En ce qui nous concerne, qu'il s'agisse d'un individu, d'un parti, d'une armée ou d'une école, j'estime que l'absence d'attaques de l'ennemi contre nous est une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons cause commune avec l'ennemi.

Si nous sommes attaqués par l'ennemi, c'est une bonne chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne de démarcation bien nette entre l'ennemi et nous.

Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c'est encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi une ligne de démarcation nette entre l'ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté des succès remarquables dans notre travail " (Mao Zedong).

La bourgeoisie est en pleine offensive.

Il n'est pas un jour sans qu'on parle de sécurité, de nécessité de renforcer la police. Quant à l'armée, elle s'entraîne déjà pour les mauvais jours de la bourgeoisie : les dernières manœuvres de l'OTAN étaient consacrées à la guérilla urbaine en milieu hostile.

Il y a donc une énorme offensive dans l'opinion publique. Le délire sécuritaire est de rigueur, et pour cela le moindre prétexte est bon.

L'Etat impérialiste français joue évidemment à fond sur les attentats de New York / Washington, mais cela fait maintenant plusieurs semaines que, dans le cadre des élections présidentielles (monarchiques devrait-on dire), l'appel à une politique répressive n'en finit pas. La bourgeoisie réutilise même les vieux clichés du 19ème siècle sur les " classes dangereuses "…

Vigipirate existe donc perpétuellement, de manière toujours plus dure, comme le rappelle le ministre de l'intérieur Vaillant: " Le Premier ministre vient d'ores et déjà de décider le déclenchement du plan Vigipirate renforcé, ce qui signifie la mobilisation de toutes les forces de sécurité et des forces armées pour assurer la protection et la sécurité des Français ".

Quant à Xavier Raufer, le professeur de la faculté d'Assas, grand " spécialiste " de la criminalité et des " organisations communistes combattantes ", il nous l'a rappelé à la télévision: " il faut désamorcer et agir sur le préventif ".

Agir sur le préventif… Le rapport des Renseignements Généraux rendu " public " par " hasard " fait partie de cette opération psychologique contre les révolutionnaires, contre les masses populaires qui se bougent pour faire vaciller le capitalisme.

Et pour nous, les choses sont claires : " Ainsi, considérés dans leur essence, du point de vue de l'avenir et sous l'angle stratégique, l'impérialisme et tous les réactionnaires doivent être tenus pour ce qu'ils sont : des tigres en papier.

C'est là-dessus que se fonde notre pensée stratégique.
D'autre part, ils sont aussi des tigres vivants, des tigres de fer, de vrais tigres ; ils mangent les hommes. C'est là-dessus que se fonde notre pensée tactique " (Mao Zedong).
Camarades ! Il faut être prudent, très prudent.

La bourgeoisie est en pleine offensive, et les révolutionnaires doivent prendre leur responsabilité. Nous prenons la nôtre en annonçant ici la dissolution des Noyaux Autonomes pour le Communisme et de la revue Front Social.

Les pages de ce numéro sont une explication claire de cette démarche. Il n'y a objectivement, et selon la grille maoïste de lecture de la société, plus de place pour une revue comme Front Social. La bourgeoisie modifie les règles de la légalité comme elle l'entend, et là il est très clair qu'elle ne veut laisser aucun espace aux révolutionnaires.

Front Social est une revue légale, ses militantEs ont avancé courageusement, à visage découverts.

La formidable criminalisation de Front Social par le rapport des Renseignements Généraux (voir dans les pages de la revue) ne permet plus l'existence de la revue et du groupe la produisant. Avec ce qu'elle a mis en avant, il est devenu très facile pour l'Etat de nous accuser de n'importe quoi, quitte à faire lui-même un attentat qu'il nous imputerait.

Camarades !

Cet Etat n'est pas démocratique ! C'est un Etat bourgeois, à la solde de la bourgeoisie ! Ne faisons pas comme les trotskystes, pour qui la répression n'est que patronale (comme l'a maintes fois souligné Arlette Laguiller). La répression est culturelle, politique, policière, militaire, économique… sociale.

Aux communistes d'être intelligentEs et d'avoir une longueur d'avance sur les spécialistes, les techniciens, les assassins de la bourgeoisie, qui oeuvrent à la contre-révolution préventive.

Camarades ! La révolution est un processus prolongé ; refusez les petits-bourgeois qui fantasment sur le " grand soir " !

Plongez au cœur des masses populaires, soyez comme des poissons dans l'eau, pour faire progresser les masses et les amener à leur idéologie libératrice, le marxisme-léninisme-maoïsme !

Camarades ! Notre choix n'est pas celui de l'acceptation de la défaite, mais au contraire le refus d'accepter ce que cherche à imposer le système : le réformisme et le militarisme !
L'avenir appartient au maoïsme, et aux maoïstes !

Il y en a qui évidemment parleront de reddition, d'abandon de la lutte.

C'est une position gravement erronée, fondamentalement petite-bourgeoise. Car il n'y a pas de trêve dans la guerre révolutionnaire.

Mais ces gens ne partent pas des principes de la guerre populaire, ce sont seulement des rêveurs de salons, des états-majors fantoches d'une révolution qui ne viendra jamais. Ils ne connaissent pas la réalité, ils vivent dans leur monde à eux.

Il faut rejeter violemment ces gens, car ils ne peuvent parler que par le fait qu'ils se cantonnent dans les niches que la bourgeoisie leur a donné.

Ces gens-là n'existent pas vraiment, ce sont des scories du passé, des parasites de Front Social, des intellectuels idéalistes et inconséquents.

Car l'histoire de Front Social est l'histoire de l'avant-garde révolutionnaire en France ; aucune organisation n'a assumé, progressé comme nous avons pu le faire. Aucun groupe révolutionnaire n'a assumé les tâches comme nous avons pu le faire.

Camarades ! Il faut patiemment expliquer ce qu'est la contre-révolution préventive, ce qu'est la ligne de masse (maoïste), la nécessité qu'il y a à organiser les masses.
Il faut apprendre de ce précepte fondamental de la lutte révolutionnaire : " Quand l'ennemi attaque je recule, quand il s'arrête je le harcèle et quand il recule je l'attaque " (Mao Zedong).

Camarades !

Il est désormais de la responsabilité de chacun de faire avancer le mouvement révolutionnaire, de faire avancer le maoïsme, de faire avancer la révolution, à partir de ce que Front Social a permis de comprendre et de faire. Le programme des Noyaux Autonomes pour le Communisme est une énorme avancée en ce sens, et sa valeur tient justement à sa validité quelles que soient les actions de la bourgeoisie et de son Etat.

Pour le communisme !


LE PRINCIPE DE LA
CONTRE-REVOLUTION PREVENTIVE

Qui dit révolution dit contre-révolution, nécessairement. La bourgeoisie, classe dominante, apprend de ses luttes contre la lutte révolutionnaire du prolétariat, elle se forge une culture réactionnaire visant à détourner les masses de l'objectif révolutionnaire, à les enfermer dans une culture réactionnaire.

Pour ce faire, la bourgeoisie utilise les moyens "légaux", c'est-à-dire officiels (services secrets, police, armée), ou para-légaux et illégaux (barbouzes, provocateurs, etc.). La bourgeoisie française possède une longue tradition d'utilisation de ces méthodes fascistes, à tel point qu'un terme est désormais largement utilisé: celui de barbouzes.

Dans le film justement intitulé les Barbouzes, Michel Audiard plaçait cette célèbre réplique dans la bouche de Lino Ventura: "Un barbu, c'est un barbu. Deux barbus, c'est deux barbus. Trois barbus, c'est les barbouzes".

Les barbouzes, ces nervis recrutés pour les coups tordus, ces anciens militaires... dont les plus connus restent ceux du Service d'Action Civique (SAC), dans les années gaullistes.

En Italie, les services secrets ont très souvent utilisé les barbouzes pour mener de nombreux attentats massacres. Dans ce cas là, les barbouzes ont carrément été des structures fascistes organisés.

En France, la tentative d'incendie de la fameuse paillote corse est un coup barbouzard, mais un coup barbouzard propre, puisque mené par des gens faisant directement partie de la structure étatique, mais agissant de manière "non officielle".

En France, il y a des attentats bidons, destinés à criminaliser le mouvement révolutionnaire. Il y a également eu des attentats stupides, stupides car leur objectif et leur moment ont amené un prétexte à l'Etat pour criminaliser.

Au plus fort du mouvement alternatif des années 1980, un attentat contre un huissier revendiqué par "Black War" a amené de très nombreuses perquisitions, touchant même les Béruriers Noirs, le fameux groupe punk!

Evidemment, l'Etat frappe qu'un attentat soit stupide ou pas. Et d'ailleurs, s'il n'a pas d'attentats stupides à se mettre sous la dent, alors il fait en sorte qu'il y en ait un.

Provocations en série

Prenons cet exemple très récent et complètement hallucinant:

AFP - mardi 4 septembre 2001
Actes de violence urbaine et incendies volontaires à Rochefort

ROCHEFORT (AP) -- La petite ville de Rochefort (Charente-Maritime) a connu une série d'actes de violence urbaine et d'incendies volontaires, dans la nuit de dimanche à lundi, a-t-on appris mardi matin auprès du commissaire de police Christophe Merlin.

Trois cocktails molotov ont tout d'abord été lancés sur une voiture de police, vers minuit, dans le quartier du ''Petit-Marseille''. Puis, à l'opposé de la ville, dans la commune voisine de Tonnay-Charente, une 2CV volée à La Rochelle quelques heures plus tôt était incendiée. Suivaient six départs d'incendie, devant un HLM du quartier du Moulin Rose, puis devant une boulangerie, un magasin ''Bricomarché'' et un ''Conforama'' à Tonnay-Charente, un supermarché ''Champion'' à l'entrée de Rochefort, et enfin un supermarché ''Lidl'' dont les 1.000 mètres-carrés ont été détruits.

La police a mis en place une cellule départementale, pour étudier d'éventuels points communs avec quelques événements de ce type qui se seraient produits à La Rochelle il y a une quinzaine de jours.

''Nous étudions toutes les hypothèses et nous ne lions pas forcément pour l'instant l'affaire des cocktails molotov et celle des incendies volontaires. Nous n'avons pas encore d'explication, car il n'y a eu aucun fait précurseur à Rochefort,'' affirme le commissaire Merlin.

C'est un excellent exemple de provocation, comme il y en a d'ailleurs beaucoup (des piscines qui brûlent, etc.) ces derniers temps.

La population de Rochefort, après un coup pareil, a dû basculer dans la psychose sécuritaire.
Le plus hallucinant est le communiqué de presse suivant, expliquant que "l'auteur" aurait été arrêté:

Un pyromane récidiviste serait à l'origine des incendies de Rochefort
ROCHEFORT (AP) -- Un homme de 35 ans serait à l'origine des différents incendies et tentatives d'incendies qui ont totalement détruit un supermarché et endommagé plusieurs magasins à Rochefort et Tonay-Charente (Charente-Maritime) dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé mardi le commissaire de police Christophe Merlin.

M. Merlin a précisé que cet individu, domicilié à La Rochelle et sans emploi, a été interpellé lundi soir alors qu'il venait de mettre le feu à une cabine téléphonique devant l'hôpital de Rochefort.

Après l'avoir placé en garde à vue, les enquêteurs ont pu établir qu'il avait déjà provoqué un incendie volontaire à la gare de Niort (Deux-Sèvres) et qu'il est probablement responsable d'autres sinistres à La Rochelle.
Dimanche soir, il avait volé une 2CV à La Rochelle avant d'y mettre le feu à Tonay-Charente, commune voisine de Rochefort. Ensuite, sans que ses mobiles ne soient établis pour l'instant, il a provoqué plusieurs départs d'incendie jusqu'à la destruction totale tôt lundi d'un supermarché Lidl à Rochefort. Il doit être présenté au parquet de la Rochelle à l'issue de sa garde à vue.

En revanche, il n'est pas responsable des jets de cocktails Molotov sur une voiture de police qui était intervenue dimanche vers minuit dans le quartier du Petit-Marseille à Rochefort. Ceci serait le fait ''d'un petit groupe de mineurs ou jeunes majeurs'', selon le commissaire Merlin.

 

Ce qui fait que, selon l'Agence France Presse et la police, le déséquilibré en question aurait possédé plusieurs centaines de litres d'essence dans la 2cv (!!!), ainsi que de quoi casser les murs des 5 magasins (!!!) pour y mettre le feu avec une chance inouï pour qu'aucune alarme ne sonne, sans compter l'incendie de l'HLM... Ce n'est plus un déséquilibré, c'est Superman. Cette explication de la police est totalement ridicule, mais permet de "rassurer" l'opinion publique (la police veille, mais il en faut plus!) tout en maintenant le climat de psychose: les fous sont partout, les islamistes aussi, etc. etc.

Le fameux " rapport " des R.G.

A ce titre d'ailleurs, le passage sur Front Social du rapport des Renseignements Généraux relève de la criminalisation pure et simple:

DES ELECTRONS LIBRES
o Nostalgiques de l'ex-Action Directe
- Les Noyaux Autonomes pour le Communisme
Apparu en début d'année 1995 sous la dénomination initiale de Noyaux Anti-Capitalistes, le mouvement Noyaux Autonomes pour le Communisme s'est organisé autour de la publication "Front Social".

Revue trimestrielle lancée à l'automne 1995, et ferraillant sur le créneau de la "Triple oppression" -racisme, sexisme et capitalisme comme fondements et piliers des sociétés contemporaines-, elle prône la réappropriation sociale, un front anti-impérialiste et antifasciste, les luttes sociales d'offensive anticapitaliste, la création de "cercles actions" ; "l'autonomie de classe" ....

Aspirant, entre autres, au communisme, à la révolution, au "Marxisme-Léninisme - Maoïsme", les N.A.C., bien que donnant dans l'intellectualisme, revendiquent en privé l'héritage de l'ex-Action Directe. La structure reprend d'ailleurs l'emblème de l'étoile à cinq branches en ajoutant, en son centre, un poing fermé.

Bien qu'elle prétende travailler "à la construction d'un rassemblement des révolutionnaires, sur une base d'avant-garde et selon les principes marxistes-léninistes-maoïstes", l'organisation compte au mieux une vingtaine de membres.

Vulgarisant nombre de textes célébrant "les antifascistes kurdes en France", les Cellules Communistes Combattantes (C.C.C.) de Belgique, l'I.N.L.A. en Irlande, les G.R.A.P.O. d'Espagne, la R.A.F., les Brigades Rouges, l'ex-Action Directe..., les N.A.C. sont en relation avec des éléments peu ou prou impliqués au sein des orgnisations terroristes concernées.

C'est ainsi que le leader des N.A.C., Mr X a effectué, en Italie, divers séjours le mettant en rapport avec "l'Autonomie Ouvrière" et a, en janvier 1998, contribué à animer en Allemagne des rencontres avec des proches de la R.A.F. et des Brigades Rouges tandis qu'il correspond par ailleurs avec les leaders emprisonnés de l'ex-Action Directe.

De son côté, Mr Y, révolutionnaire de longue date, dispose de relations anciennes avec les sympathisants de la R.A.F. et des proches de l'ex-Action Directe tandis que Mr Z, désormais en retrait, aurait des accointances en direction de l'I.N.L.A..
D'une manière générale, la structure semble entretenir des contacts plus particuliers avec d'anciens brigadistes ayant appartenu à la "Cellule pour la Constitution du Parti Communiste Combattant" (C.C.-P.C.C.).

A noter toutefois que, bien que les N.A.C. ne soient pas peu fiers de rappeler que la Fédération Anarchiste a interdit leur revue dans sa librairie, dès son numéro 1, en les suspectant de vouloir "reformer un bras armé de type R.A.F./A.D.", rien n'est venu pour l'heure étayer de tels soupçons. La menace reste virtuelle.

Front Social, une structure petite, mérite donc une page sur les 35 du rapport des Renseignements Généraux. Un rapport soi-disant confidentiel, mais qui est comme par hasard tombé chez les journalistes...

Histoire de mieux les préparer à une criminalisation?

Nous disons: oui. Ce document des RG n'est pas un simple document des RG, mais une manœuvre de guerre psychologique. Une preuve en est ce qui est dans le document:

"Nostalgiques de l'ex-Action Directe"
Vu l'âge des gens participant à Front Social, lors de l'arrestation des derniers militantEs d'Action Directe le plus vieux avait quinze ans! Les autres donc onze ans, huit ans etc. Pour que nous soyons des nostalgiques il faudrait que nous ayons été sacrément précoces! Mais cela permet de directement criminaliser...

"revendiquent en privé l'héritage de l'ex-Action Directe"
Dès le numéro un il y avait un article de critique historique d'Action Directe, nous avons toujours eu un point de vue politique et public à ce sujet, mais en disant que nous nous revendiquons "en privé" d'Action Directe cela veut dire que Front Social est une façade à des activités illégales... et donc répréhensibles...

"La structure reprend d'ailleurs l'emblème de l'étoile à cinq branches en ajoutant, en son centre, un poing fermé."
Le document dit d'ailleurs même que nous reprenons le même logo... Nous serions donc de vrais nostalgiques jusqu'au-boutistes, des criminels donc puisque Action Directe est une "association de malfaiteurs".

"les N.A.C. sont en relation avec des éléments peu ou prou impliqués au sein des organisations terroristes concernées."
Eh oui le document n'hésite pas: Front Social est le cœur d'une vaste nébuleuse, celle de l'euroterrorisme, ce fameux fantasme bourgeois des années 1970...

"Mr X a effectué, en Italie, divers séjours le mettant en rapport avec "l'Autonomie Ouvrière" et a, en janvier 1998, contribué à animer en Allemagne des rencontres avec des proches de la R.A.F. et des Brigades Rouges tandis qu'il correspond par ailleurs avec les leaders emprisonnés de l'ex-Action Directe."

Pour criminaliser il faut des noms, en voici déjà un, dont les séjours tout officiels en Allemagne et en Italie sont ici criminalisés au possible, puisque le pauvre malheureux est en gros défini comme l'intermédiaire entre la RAF, les Brigades Rouges et Action Directe!!!!

Disons d'ailleurs au passage que nous n'avons malheureusement jamais eu aucune correspondance (à part deux trois lettres à une personne) avec les prisonnierEs d'Action Directe, que Front Social n'a visiblement jamais intéressé (sans parler des gens historiques de l'extérieur qui eux ne nous ont jamais supporté!).

"rien n'est venu pour l'heure étayer de tels soupçons. La menace reste virtuelle."
Des preuves, cela se fabrique, et vu le document tout passera comme une lettre à la poste. Tout est prêt pour qu'une provocation ait lieu, lorsque et si l'Etat en sent le besoin....

 

Evidemment, à côté des provocations, un autre grand principe de la contre-révolution préventive est l'élimination sélective.

Le principe de l'élimination sélective

Prenons un exemple dans la France contemporaine. Prenons des gens qui sont opposés au processus de Matignon, processus d'abandon de la lutte indépendantiste corse au profit d'une "entente" avec l'Etat français.

Prenez son leader, Santoni, connu sur le continent pour avoir critiquer les dérives mafieuses de certains éléments. Il est exécuté de manière professionnelle, à coups de mitraillettes, à la sortie d'un mariage très surveillé par la police.
Prenez les militants d'Armate Corsa, opposé au processus. Trois d'entre eux ont été assassiné de manière professionnelle depuis l'exécution de Santoni.

Le dernier en date, Nicolas Montigny, l'a été dans un cybercafé.... en face de la préfecture, par deux personnes qui sont tranquillement sortis d'une voiture garée dans la rue, cagoulés et armes au poing, sont rentrés dans le cybercafé pour tirer une vingtaine de balles.

Cela, c'est l'élimination sélective des opposants. Ce n'est rien de nouveau, le militant d'Action Directe Laouri "Farid" Benchellal a ainsi été assassiné dans un commissariat d'Helsinki dans les années 1980.

Des éliminations formant un autre excellent exemple sont celles menées des activités de l'Etat sioniste. Ainsi, le 27 août 2001, l'Etat sioniste a fait assassiner par son armée Abu Ali Mustapha (62 ans), secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Le FPLP est l'organisation historique de la gauche laïque palestinienne; c'est contre cette gauche que l'Etat sioniste avait soutenu les organisations islamistes dans les années 1980. De septembre 2000 à août 2001, le FPLP a revendiqué 150 actions armées, dirigées essentiellement contre des colons ou des postes militaires, aussi bien dans les territoires occupés qu'en Israël.

De fait, c'est la guerre populaire qui se développe en Palestine, une guerre révolutionnaire contre la cinquième armée du monde (250.000 hommes et femmes), qui est une armée d'occupation au service du sionisme et de l'impérialisme US.
Abu Ali Mustapha avait été élu à 6ème conférence nationale en juillet 2000; il est la 56ème victime de la nouvelle politique de liquidation de l'Etat sioniste, qui est parallèle à la répression de masse de l'Intifada (600 morts).

La liquidation du nouveau leader du FPLP est une tentative de liquider la nouvelle option tactique du FPLP: celle de la guerre des partisans, de la guerre d'usure, visant les colons et le soldats.

Est également proche de cette tactique et de cette volonté d'en arriver à la guerre populaire le du Front Démocratique de Libération de la Palestine (FDLP), scission de 1969 du FPLP, qui a revendiqué une semaine auparavant l'attaque d'un poste militaire israélien.

Il est parlé depuis des années et des années de la réunification de ces deux organisations.
Le principe de l'élimination sélective est un principe fondamental de la contre-révolution préventive. Cette élimination est le plus souvent physique, mais elle peut également s'intégrer dans le cadre de la guerre psychologique.

Ainsi, lorsque le responsable du Parti Communiste du Pérou a été arrêté, toute une opération de manipulation a été mené pour dire que celui-ci était désormais favorable à l'arrêt de la guerre populaire. L'exécuter aurait formé un "martyr", et les impérialistes ont préféré décrédibiliser sa personne. C'est l'"opération capitulation" menée par l'Etat péruvien, organisé par les services secrets US.

Une première étape avait été de montrer Gonzalo aux médias, enfermé dans une cage à gorilles, dans une tenue de prisonnier noire et blanche, et d'expliquer que Gonzalo était un dépravé, un alcoolique, etc. Cette manœuvre échoua lamentablement puisque Gonzalo tint un discours dans sa cage, appelant à la continuation de la lutte armée!

"Ce n'est qu'un détour", avait-il dit.

Depuis ce jour-là, personne n'a plus revu le président Gonzalo depuis son arrestation, même pas un avocat ou un membre de sa famille. Enfermé dans une cellule de quelques mètre carrés, ce camarade a purement et simplement "disparu". L'opération de manipulation repose à partir de là sur la "création" de "preuves" démontrant la capitulation.
Les étapes sont les suivantes:

1.Les médias continuent de parler du "sentier lumineux", et non du "Parti Communiste du Pérou". Cela dure jusqu'à aujourd'hui: en septembre 2001 l'Agence France Presse dit encore que le "Sentier Lumineux" a comme projet d'instaurer "un Cambodge marxiste-léniniste", alors qu'évidemment le PCP est marxiste-léniniste-maoïste et n'a aucun respect pour le nationaliste raciste qu'a été Pol Pot.

2.Le "sentier lumineux" n'aurait plus de direction unifiée depuis l'arrestation de Gonzalo, il y a des divisions, des désertions. En août 2001 l'Etat péruvien a ainsi expliqué qu'un hélicoptère de l'armée a été descendu par le fait qu'il amenait des responsables militaires "faire signer" la reddition aux derniers guérilleros qui ont "trahi" les accords.

3.Chaque années, il est parlé du "dernier carré" de sendéristes, dont l'élimination ne devrait pas être un "problème".

4.Des prisonniers du PCP craquant et capitulant sont présentés comme la "véritable direction" du PCP.

5.Le 1er octobre 1993 à l'ONU le président péruvien Fujimori rend public une "lettre" du camarade Gonzalo affirmant que la révolution mondiale est impossible avant le prochain cycle révolutionnaire dans 70 ans, et qu'en attendant il faut lutter pour un accord de paix. Cette lettre serait véridique car signée des "empreintes" de Gonzalo.

Cette campagne a permis de "casser" le soutien au PCP dans de nombreux pays, notamment en France où le Comité Sol-Pérou (solidarité Pérou) a soutenu cette appel à "des négociation pour un accord de paix juste et durable". En France, encore aujourd'hui et malgré la lutte des maoïstes, les gens ne connaissent pas le PCP maoïste mais fantasment sur un "sentier lumineux" polpotiste (il faut d'ailleurs noter que les médias ont accusé les maoïstes népalais des mêmes exactions, comme quoi la méthode contre-révolutionnaire a fait école).
Et évidemment, cette propagande a permis au Pérou de lutter contre l'influence populaire du PCP.

De la guerre psychologique à l'isolement carcéral

Le camarade Gonzalo a-t-il craqué? Sans doute pas, puisque l'Etat fasciste péruvien n'a pas osé le montrer. Mais il faut être clair: les Etats impérialistes travaillent depuis les années 1950 sur les programmes d'isolement carcéral.

L'objectif: la torture psychologique, faire craquer les prisonnierEs révolutionnaires.

Les projets d'isolement carcéral ont une très longue continuité, et démarrent dans les années 1950, suite à la guerre de Corée.

De nombreux soldats yankees, fait prisonniers par les ChinoisES, signèrent des documents appelant à la paix. Pour les impérialistes US, il ne pouvait s'agir que de la conséquence de méthodes de "lavage de cerveaux" .

Ils virent qu'il s'agissait en fait de l'impact de l'idéologie révolutionnaire, et firent alors des études sur le principe d'une "bombe atomique psychique".

Ils poussèrent leurs recherches dans le domaine de l'isolement carcéral, avec comme but avoué la soumission des prisonnierEs.

Il s'agit pour les impérialistes d'obtenir la même soumission que dans les camps de concentration nazi, mais sans procéder par la violence physique. Tout repose sur la guerre psychologique.

Il y eut de nombreux colloques, des universités furent financées pour des recherches dans ce domaine, il y eut même une réunion de l'OTAN à ce sujet (Man in Isolation ans/or Enclosed Space Conference, en 1969 à Rome).

Les cellules de déprivation sensorielle furent mises en place, ainsi en Allemagne où la prison de Stammhein fut construite à l'occasion du procès et de l'enfermement des militantEs de la RAF (fraction armée rouge), dont les principaux responsables seront d'ailleurs "suicidéEs" dans leurs cellules (notamment Ulrike Meinhof en 1976 et Andreas Baader en 1977).

Les cellules de déprivation sensorielle sont entièrement bétonnées (pas de chaises par exemple) pour casser le toucher, la lumière est synthétique et s'allume automatiquement la nuit par intermittence pour casser le sommeil, les murs sont blancs pour casser la vue, il n'y a pas de sons, la nourriture est passée par une trappe: il n'y a aucun contact humain.

C'est la "torture blanche" de la "camera silens" (chambre silencieuse).

De fait, le viol de l'environnement immédiat du prisonnier se fait d'une manière subtile et perfectionnée, à partir d'analyses, de recherches, d'expérimentations scientifiques.

En 1967 le psychiatre américain Engels constatait: "Chez les prisonniers qu'on isole, on remarque les faits suivants: difficultés à discerner la réalité, apparition d'hallucinations visuelles ou auditives, tendances à mal interpréter les stimulis du monde extérieur, y compris ceux de son propre corps, réduction des capacités logiques et rationnelles de penser ainsi que d'établir des relations entre différents domaines, apathie, dépression, repli sur soi-même interrompu de crises paniques désorganisées. Si cet état se prolonge, il peut se terminer par la mort".

Voici l'extrait d'une lettre de la grande révolutionnaire Ulrike Meinhof, assassinée dans sa cellule en 1976:

"Le sentiment que la tête explose, le sentiment qu'en fait la boîte crânienne va se casser, exploser.

Le sentiment qu'on te rentre de force la moelle épinière dans le cerveau.

Le sentiment que le cerveau se ratatine comme un pruneau.
Le sentiment que tu es sans cesse sous tensions sans que cela se voie et que tu es téléguidé.

Le sentiment qu'on te démolit les associations d'idées.
Le sentiment de pisser ton âme comme quand on ne peut pas se retenir.

Le sentiment que la cellule bouge - tu te réveilles, tu ouvres les yeux - la cellule bouge, l'après-midi quand le soleil brille, elle s'arrête tout d'un coup. Tu ne peux pas te débarrasser de ce sentiment que tu bouges.

Tu ne peux pas savoir pourquoi tu trembles: de fièvre ou de froid.

Tu ne peux pas expliquer pourquoi tu trembles, tu gèles.
Pour parler à voix normale, il faut des efforts comme pour parler très fort, il faut presque gueuler.

Le sentiment de devenir muet.

Tu ne peux plus identifier le sens des mots - tu ne peux que deviner - l'usage des sifflantes - s, ss, tz, sch - est absolument insupportable.

Les gardiens, la visite, la cour semblent de celluloïd - maux de têtes - flashes.

On ne peut plus contrôler la syntaxe, la grammaire.
Quand tu écris deux lignes, et à la fin de la seconde ligne, tu ne peux pas te rappeler le début de la première.

Le sentiment qu'on se consume de l'intérieur, le sentiment que si tu disais ce qui se passe, si tu lâchais cela, cela sifflerait comme de l'eau bouillante à la figure de l'autre comme par exemple l'eau bouillante qui le brûle pour la vie, qui le défigure.

Une agressivité démente, pour laquelle il n'y a pas de soupape.

C'est le plus grave, la conscience claire qu'on a aucune chance de survivre, l'échec total, pour faire passer cela, le faire comprendre à d'autres.

Après les visites, c'est le vide. Une demi-heure après, tu peux seulement reconstituer mécaniquement si la visite a eu lieu le jour même ou la semaine précédente.

Se baigner une fois par semaine, cela signifie au contraire se détendre pour un moment, se reposer, cela ne dure aussi que quelques heures.

Le sentiment que le temps et l'espace sont imbriqués l'un dans l'autre.

Le sentiment de se trouver au milieu de miroirs déformants, de tituber.

Après: une épouvantable euphorie, parce que tu entends quelque chose, à cause de la différence acoustique entre le jour et la nuit. Le sentiment que le temps coule maintenant, que le cerveau se dilate à nouveau, que la moelle épinière redescend - pendant des semaines.

Le sentiment qu'on t'a arraché la peau".

La contre-révolution préventive est un facteur déterminant de la lutte révolutionnaire.

La bourgeoisie impérialiste a été capable de développer le fascisme pour lancer les masses populaires dans des voies de garage, pour être actives au service de l'impérialisme lui-même. La bourgeoisie impérialiste a également été capable de développer le principe de la contre-insurrection, la counter-insurgency.

Le Pentagone définit la counter-insurgency comme "les opérations militaires, paramilitaires, politiques, économiques, psychologiques et civiles exécutées par un gouvernement pour briser toute insurrection subversive".

L'insurgency en question est définie, toujours par le Pentagone, comme "une situation qui résulte d'une révolte ou d'une rébellion contre un gouvernement établi, mais qui n'est pas encore une guerre civile.

Dans le contexte actuel, l'insurrection subversive est inspirée, soutenue et exploitée essentiellement par les communistes".
Les "opérations de basse intensité" (low intensity operations) sont les actions de contre-guérilla.

Etre révolutionnaire, c'est être capable d'affronter la contre-révolution préventive.